La Lune de papier - Andrea Camilleri
En cette période de vacances scolaires, j'entame le défi de la Littérature policière sur les 5 continents, que je vous avais présenté ici-même, dans mon précédent billet et, que vous pouvez aller (re)découvrir sur le blog qui lui est consacré. J'ai choisi de commencer avec l'Europe du Sud.
J'avais envie, depuis quelques temps, de découvrir Andrea Camilleri et son héros Salvo Montalbano. C'est donc la première fois que je fais la connaissance de cet auteur italien et, je dois vous avouer que, c'est avec une joie non dissimulée que je me suis plongé dans cette lecture. L'auteur méritait bien une place de choix dans mon blog.

Il connaîtra surtout un immense et durable succès outre-alpes, grâce à la série d'enquêtes mettant en scène le personnage du commissaire Salvo Montalbano, sorte de "Maigret", à la verve italienne, dont les histoires se situent dans l'imaginaire petite bourgade de Vigàta, en Sicile.
Pocket, 245 pages

Mon avis : Camilleri nous présente un polar savoureux, bâti sur un humour omniprésent, direct ou plus subtil, porté par des personnages drôles et tout aussi truculents, le tout baigné dans cette magnifique ambiance sicilienne.
Le commissaire Montalbano, quinquagénaire, fiancée à une gênoise prénommée Livia, aime par-dessus tout profiter de la vie. Fin gourmet, il affectionne les spécialités savoureuses de la cuisine sicilienne. Malgré son humeur bougonne et cette fougue méditerranéenne, il apparaît au fil de l'histoire comme un personnage sensible, bienveillant, profondément humain, parfois en proie à ses propres doutes et ses faiblesses ; dans cette histoire, Montalbano se sent vieillir, il nous fait part de ses pertes de mémoire passagères et s'interroge avec hantise sur la mort.
Le lecteur suit également, avec toujours autant de plaisir, les autres personnages récurrents qui gravitent autour de Montalbano : le procureur Tommaseo, l'obsédé sexuel ou l'agent Catarella qui fait preuve d'incompétence, même s'il lui arrive, de temps à autre, des idées lumineuses...
Mais sous des airs de "drôlerie", par le truchement de son idéaliste commissaire, Camilleri dénonce avec justesse la corruption, les liens entre les hommes politiques et la pègre qui rongent l'île.
L'intrigue est bien construite et minutieuse ; elle possède un rythme haletant qui s'achève dans un final à vous couper le souffle.
Il faut enfin souligner le remarquable travail du traducteur attitré, Serge Quadruppani, qui a su exprimer merveilleusement cette langue, ce mélange détonant d'italien et d'argot sicilien, propre à Camilleri, qui se plaît à en jouer ; une sorte de re-création personnelle de la langue, à la fois par le vocabulaire et la syntaxe, qui peut surprendre le lecteur dès les premières pages du livre mais qui, en fin de compte procure un charme irrésistible aux dialogues.
Avec La Lune de papier, Andrea Camilleri signe un polar digne des plus grands écrivains du genre. Un pur bonheur de lecture, à consommer sans modération !