Esclaves - Kangni Alem
Après quelques semaines d'absence, me voici de retour sur le blog avec la présentation du roman Esclaves, de Kangni Alem, auteur africain que j'ai découvert récemment.
Né à Lomé en 1966, Kangni Alem est le fondateur de l'Atelier Théâtre de Lomé, l'une des compagnies les plus avant-gardistes du Togo, avec laquelle il a signé, entre autres, la mise en scène de Mère Courage de Bertolt Brecht. Nouvelliste, dramaturge, traducteur, Kangni Alem est également critique littéraire et a enseigné aux universités de Wisconsin-Madison aux Etats-Unis et de Bordeaux-III en France.
Lattès, 260 pages
Nous sommes au XIXe siècle, dans une période douloureusement tourmentée par la traite négrière clandestine entre le Bénin et le Brésil qui ronge les côtes jusqu'à l'intérieur des terres. En sa qualité de Maître de cérémonie et allié du roi Adandozan, un notable d'Agbomè tente de se soustraire à la vengeance infernale et oppressante de Gankpè - futur Ghézo -, qui a vu en lui un sérieux obstacle à l'assassinat manqué de son protecteur. Il prend la fuite mais la milice féminine de Ghézo parvient à l'arrêter à Comé. La sentence aurait pu être terrible mais au lieu de lui trancher la tête, le chef des amazones, Nansica, le viole, le réduit en esclave, comme toute sa famille et le vend à un négrier de Porto Seguro, actuelle ville brésilienne du littoral sud de l'Etat de Bahia. L'ancien Maître des cérémonies devient alors Miguel et se retrouve au Brésil, en 1818, au service d'un potentat ayant sous ses ordres un millier d'esclaves. Miguel se lie d'amitié avec l'un d'eux, un vieil haoussa, prénommé Sulé, musulman lettré, lequel lui apprend l'arabe et le portugais mais surtout le convertit à l'islam et aux idées antiesclavagistes. Comme acteur de premier plan, Miguel participe alors à l'insurrection des esclaves de Bahia...
Mon avis : l'auteur développe un thème âpre et exigeant. Il parvient avec brio à restituer ses personnages dans un contexte historique très délicat et finalement fort peu connu du grand public. Le lecteur est fasciné par cette intrigante complexité, par les machineries et les tractations des uns et des autres ; le lecteur tente d'imaginer et de se représenter la pression constante exercée par les négriers envers l'élite africaine.
Un style limpide, une écriture libre, le récit basé sur une succession de faits authentiques est construit sur de nombreuses rétrospections, développe plusieurs histoires, ce qui peut donner lieu, parfois, à une lecture difficile.
Quoi qu'il en soit, on saluera le travail remarquable de l'écrivain, fort bien documenté, accompagné d'une datation rigoureuse ; il a su apporter des éclairages sur cette période peu traitée dans la littérature.
Je vous invite à découvrir cet auteur et à vous plonger dans cette histoire.
Né à Lomé en 1966, Kangni Alem est le fondateur de l'Atelier Théâtre de Lomé, l'une des compagnies les plus avant-gardistes du Togo, avec laquelle il a signé, entre autres, la mise en scène de Mère Courage de Bertolt Brecht. Nouvelliste, dramaturge, traducteur, Kangni Alem est également critique littéraire et a enseigné aux universités de Wisconsin-Madison aux Etats-Unis et de Bordeaux-III en France.
Lattès, 260 pages
Nous sommes au XIXe siècle, dans une période douloureusement tourmentée par la traite négrière clandestine entre le Bénin et le Brésil qui ronge les côtes jusqu'à l'intérieur des terres. En sa qualité de Maître de cérémonie et allié du roi Adandozan, un notable d'Agbomè tente de se soustraire à la vengeance infernale et oppressante de Gankpè - futur Ghézo -, qui a vu en lui un sérieux obstacle à l'assassinat manqué de son protecteur. Il prend la fuite mais la milice féminine de Ghézo parvient à l'arrêter à Comé. La sentence aurait pu être terrible mais au lieu de lui trancher la tête, le chef des amazones, Nansica, le viole, le réduit en esclave, comme toute sa famille et le vend à un négrier de Porto Seguro, actuelle ville brésilienne du littoral sud de l'Etat de Bahia. L'ancien Maître des cérémonies devient alors Miguel et se retrouve au Brésil, en 1818, au service d'un potentat ayant sous ses ordres un millier d'esclaves. Miguel se lie d'amitié avec l'un d'eux, un vieil haoussa, prénommé Sulé, musulman lettré, lequel lui apprend l'arabe et le portugais mais surtout le convertit à l'islam et aux idées antiesclavagistes. Comme acteur de premier plan, Miguel participe alors à l'insurrection des esclaves de Bahia...
Mon avis : l'auteur développe un thème âpre et exigeant. Il parvient avec brio à restituer ses personnages dans un contexte historique très délicat et finalement fort peu connu du grand public. Le lecteur est fasciné par cette intrigante complexité, par les machineries et les tractations des uns et des autres ; le lecteur tente d'imaginer et de se représenter la pression constante exercée par les négriers envers l'élite africaine.
Un style limpide, une écriture libre, le récit basé sur une succession de faits authentiques est construit sur de nombreuses rétrospections, développe plusieurs histoires, ce qui peut donner lieu, parfois, à une lecture difficile.
Quoi qu'il en soit, on saluera le travail remarquable de l'écrivain, fort bien documenté, accompagné d'une datation rigoureuse ; il a su apporter des éclairages sur cette période peu traitée dans la littérature.
Je vous invite à découvrir cet auteur et à vous plonger dans cette histoire.