Train d'enfer pour Ange rouge - Franck Thilliez
Franck Thilliez (né en 1973 à Annecy, ayant des racines nordistes) n'était pas prédestiné à se lancer dans l'écriture. Ingénieur en informatique, il est surtout un grand passionné de thrillers. Le succès rencontré avec La chambre des morts, adapté au cinéma en 2007, lui a permis de se consacrer exclusivement à son travail d'écriture.
Train d'enfer pour Ange rouge, publié pour la première fois en 2004 aux éditions La vie du Rail, est classé parmi les romans noirs et a pour personnage principal, le commissaire Franck Sharko.
Pocket, 436 pagesLe commissaire Franck Sharko vit dans la région parisienne et cela fait maintenant six mois qu'il n'a plus de nouvelles de sa femme Suzanne, disparue un soir, alors qu'elle rentrait de son travail. Il ne lui reste d'elle qu'une épingle à cheveux, retrouvée dans le parking de leur domicile. Il n'a de cesse de se remémorer les bons et les mauvais souvenirs. Il la recherche toujours dans l'espoir secret de la retrouver en vie. Il tente malgré tout de survivre à son absence, et s'accroche tant bien que mal à son travail pour ne pas sombrer dans la folie. Avant même de reprendre son service, l'avant dernier jour de ses congés, son supérieur, le commissaire divisionnaire Leclerc, lui intime l'ordre de retourner à la P.J., au 36 quai des Orfèvres à Paris, après la découverte du cadavre d'une femme. Assisté de son bras-droit, le lieutenant Sibersky, Franck Sharko se rend sur le lieu du meurtre et se trouve confronté à une scène atroce : le corps de Martine Prieur, jeune veuve de trente-cinq ans, est retrouvée suspendue dans sa chambre, grâce à un système complexe de cordes, de poulies et de crochets enfoncés directement dans la chair, dans une posture quasi religieuse ; la pauvre femme a été torturée, suppliciée, démembrée, sa tête décapitée et posée sur un plateau face à sa dépouille. Sharko et son équipe n'ont jamais vu une telle sauvagerie, ils en sont terriblement éprouvés. Une première analyse fait apparaître un tueur d'une froideur exceptionnelle, un tueur qui met en scène ses crimes d'une manière barbare et sophistiquée. Il n'y a aucune précipitation et surtout, le tueur ne viole pas, son "plaisir" consistant avant tout à faire souffrir aussi longtemps que possible ses victimes. Nul doute qu'il s'agisse d'un grand psychopathe. Plus tard, par l'intermédiaire d'un courriel, le commissaire Sharko entre en contact avec le tueur...
Mon avis : c'est la première fois que je lis cet auteur. Il s'agit d'un thriller assez palpitant et bien rythmé. L'intrigue est relativement cohérente, l'ambiance est angoissante. Notre commissaire Sharko est crédible et très attachant.
Franck Thilliez fait preuve d'une grande ingéniosité au niveau de l'histoire et montre une fascination pour l'investigation scientifique de la police. Il nous plonge dans un univers sombre et effrayant, celui représentant les bas-fonds du sadomasochisme, ces milieux qui ont pignon sur rue à Paris. Les scènes se déroulent principalement dans la capitale mais l'auteur nous entraîne également dans quelques villes du Nord Pas-de-Calais : Lille, Le Touquet...
Thilliez sait aussi ménager le lecteur, en glissant un peu de décontraction et d'humour, dans des dialogues parfois très drôles, entre policiers notamment, parmi les scènes plus tendues.
D'autres personnages importants gravitent évidemment autour de Frank Sharko : d'abord, Thomas Serpetti, son grand ami, un as de l'informatique, va être d'une grande utilité dans le déroulement de l'enquête (d'où l'usage de nombreux termes techniques ; n'oublions pas que Thilliez est informaticien de profession). Ses collègues, les lieutenants Syberski et Crombez. Ensuite, Elisabeth Williams, la psychocriminologue renommée, femme à l'autorité naturelle, donne des conférences auprès de la police et de la gendarmerie. Grâce à ses analyses poussées et précises, elle s'aperçoit vite que le tueur est un assassin hors du commun. Doudou Camélia, la voisine de palier de Sharko : cette vieille Guyanaise, octogénaire, possède un don de voyance. Elle lui confie sa certitude que Suzanne est toujours en vie et pressent que le Mal tourne autour du commissaire, sans pourtant connaître l'identité de cet homme sans visage. Enfin bien sûr, Suzanne, la femme du commissaire disparue de façon inexpliquée.
Pour ma part, ce livre m'a convaincu à moitié. J'ai deux réserves à l'égard de ce livre : la première est la plus évidente à mes yeux : le goût particulièrement morbide de l'auteur : les passages sanglants et sordides, l'autopsie circonstanciée de la première victime peuvent rendre la lecture difficile et en décourager plus d'un. Thilliez ne nous épargne aucun détail. Âmes sensibles, s'abstenir ! L'on peut en effet s'interroger sur le bien-fondé de ces descriptions de scènes de torture, elles sont d'une violence inouïe, d'une cruauté insoutenable. Certains lecteurs penseront au contraire qu'il n'existe aucun voyeurisme malsain car l'ouvrage réside principalement dans les interrogations sur la souffrance et le mal. Ces descriptions sont-elle vraiment nécessaires à la bonne compréhension de l'histoire ? Je reste persuadé que l'auteur aurait pu se passer de ces scènes inhumaines. La seconde réserve concerne le dénouement, assez médiocre et peu original, notamment le coup de génie miraculeux du commissaire que je juge quelque peu ridicule. La conclusion est trop prévisible et finalement bâclée. Une impression de déjà vu en réalité. On découvre ainsi très vite le nom du meurtrier. Je regrette d'ailleurs que le titre du livre soit si évocateur ; il nous dévoile le nom de l'assassin. Mauvais titre s'il en est. C'est fort dommage.
En résumé, ce thriller garde toute son efficacité - ce n'est certainement pas le meilleur du genre - en tout cas, une lecture très éprouvante, réservée à un public plus qu'averti.
4 réactions:
j'ai découvert l'auteur avec ce livre, j'ai presque tout lu après, j'ai pris du retard depuis que je me suis lancé dans les vampires
Merci pom pour ton témoignage. Je vais continuer à lire d'autres romans de cet auteur.
J'ai découvert cet auteur avec son dernier titre paru et bon, je n'ai pas été complètement convaincue. Sharko est encore un des personnages principaux et comme j'ai pris le train en route, je ne l'ai pas trouvé très attachant car je ne connaissais pas son passé et que, du coup, j'ai trouvé ce personnage plutôt "bizarre" ! Par contre, l'aspect "graphique" du roman ne me dérange pas !
Bonjour Loizo,
C'est avec beaucoup d'attention que j'ai lu ton billet concernant Franck Thilliez, un auteur qui a le vent en poupe en ce moment, c'est le moins qu'on puisse dire!
A chaque sortie de l'un de ses livres, les lecteurs sont enthousiastes, emballés, les avis sont souvent élogieux, rare sont ceux qui n'aiment pas, et j'ai envie d'ajouter : tant mieux pour lui!
Pour ma part, j'ai lu trois livres de ce jeune auteur et à chaque fois, j'ai été souvent déçu.
Comme tu le mentionnes si bien dans ton billet, le goût du morbide est souvent "sa tasse de thé", il sait sûrement que ça plait à son lectorat, en général.
Mais ce qui me gêne le plus chez lui, ce sont ses incohérences, il flirte trop souvent à mon goût avec le surnaturel et quelque part, ça l'aide bien, à terminer ses polars. Car quoi de plus dur, qu'à finir une bonne histoire policière, où en général, le lecteur aime les chutes intelligentes et carthésiennes, un peu à la Agatha Christie. Chez Thilliez, il ne s'embête pas, car en distillant quelques touches de "surnaturel" dès les premières pages, il trouve un excellent moyen pour conclure plus facilement ses histoires en y mêlant s'il le faut, un peu de fantastique à la Stephen King. Ca aide! A bientôt, Loizo, amitiés, MIC.
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