Les Âmes grises - Philippe Claudel
Les Âmes grises est un roman de Philippe Claudel (né en 1962), publié en 2003 et, qui a reçu le Prix Renaudot la même année.
Le Livre de poche, 280 pages 

Vingt ans après son enquête sur "l'affaire", un modeste policier, Louis Despieux, est encore bien troublé : il se rappelle la triste journée de 1917 où, dans un petite village du Nord-Est de la France, à quelques encablures du front où les hommes tombent un à un au rythme violent des obus, une petite fille est retrouvée morte, violée et étranglée, au bord de la Guerlante, à deux pas de la demeure du procureur Pierre-Ange Destinat, homme taciturne et veuf inconsolé. La victime se prénomme Belle de jour ; âgée de 10 ans, elle est la troisième et dernière fille de l'aubergiste. Le juge Mierck et le colonel Matziev, notables méprisants incarnant la bourgeoisie pompeuse et provinciale, ennemis de Destinat, sont chargés de l'enquête, laquelle s'annonce pourtant difficile ; le village voit en effet arriver par intermittence de jeunes soldats éclopés, mutilés, avides d'alcool et de filles pour oublier l'horreur de cette terrible guerre...
Mon avis : je n'avais encore jamais lu cet écrivain et je dois dire que j'ai été agréablement surpris. Je remercie Mic et son blog Noir Suspense de m'avoir fait découvrir cette lecture.
Le souci du détail, une belle écriture, cette manière de décrire les paysages et les ambiances donnent incontestablement de la force et de l'authenticité. L'histoire est touchante et brutale à la fois. Le lecteur se prend d'affection pour les personnages, on a parfois les yeux embués, notamment pour la femme du policier, Clémence, ou le médecin des pauvres ou encore la jeune Lysia Verhareine qui arrive dans ce village pour occuper le poste d'institutrice et qui connaîtra un sort tragique. Tous ces protagonistes évoluent dans la tristesse et la grisaille.
Philippe Claudel brosse également le portrait de personnages d'une bêtise rare, aux préjugés de classes et animés des pires sentiments tels la lâcheté et la méchanceté. La grande guerre est propice à favoriser tous les excès et mettre en avant nos pires comportements.
Un récit hanté par le poids du temps et des remords, un roman remarquable que je vous conseille de lire.
3 réactions:
Bonjour Loizo,
Tu as raison, c'est effectivement un grand livre, que l'on peut se procurer sans regretter son achat et garder précieusement dans sa bibliothèque. Pour à l'occasion, le relire avec le même plaisir, le même bonheur... C'est le genre d'histoire qu'on aime faire partager à ses proches et qui fait grandir, mûrir et réfléchir. A ce propos, je reste persuadé que "les âmes grises" sera bientôt étudié à l'école tant l'écriture est juste et belle. L'autre jour, je me baladais et regardais les nouveautés à la devanture d'une vitrine de libraire, quand j'ai entendu près de moi, une femme me dire ne pas comprendre les gens qui perdaient leur temps à lire, cà ne servait à rien... Je ne m'en suis pas revenu! elle se vantait de m'avouer qu'elle et la lecture cela faisait deux! Je me suis dit en moi-même: ces gens-là ne se rendent vraiment pas compte du bonheur qu'il perde en ne lisant pas ... J'ai bien peur qu'avec ce genre de fadaise, les "idées sectaires" ont de l'avenir. Aujourd'hui le monde de l'image a pris le dessus sur l'écrit, et on voit aujourd'hui où malheureusement ça nous mène... Plus de librairies, plus de bibliothèques, je n'ose l'imaginer à l'avenir...Amitiés, MIC.
Il est dans ma PAL depuis que j'ai découvert l'auteur avec Le rapport de Brodeck que j'avais adoré ! Mais j'ai lu d'autres titres de lui et je n'ai pas autant apprécié alors j'ai de gros espoirs sur celui-ci car l'histoire m'attire !
Ne pas lire "la petite fille de monsieur linh" serait sans doute criminel.
Je n'en suis pas sortie indemne.
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