Mortelles voyelles - Gilles Schlesser
Mortelles voyelles est le second roman policier de Gilles Schlesser.
Parigramme, 233pages
Oxymor Baulay, journaliste parisien quinquagénaire, écrivain à ses heures et grand spécialiste des figures de rhétorique, se fait passer pour un sans abri, le temps d'un reportage en immersion dans les rues de la capitale. Il fait la connaissance d'un certain Vaïda qui déclare être le fils du dernier roi des Gitans. Après un repas arrosé, le sans abri lui propose un curieux échange : contre une cartouche de cigarettes, Vaïda promet au journaliste de lui céder un manuscrit retrouvé dans une valise abandonnée sur un trottoir. Par curiosité, Baulay accepte la transaction. Le manuscrit intitulé "A noir", en référence au poème "Voyelles" de Rimbaud n'est pas une histoire banale. Il s'agit d'un roman sordide et dérangeant, articulé autour de cinq meurtres de femmes, assassinées de la même manière. Mais ce qui va attirer l'attention du journaliste, fin connaisseur de la langue, c'est la structure même du roman. Le verbe être n'est jamais utilisé et la lettre "y" est absente. Ses recherches vont le conduire chez un groupe d'Oulipiens, sorte d'association littéraire qui se réunit régulièrement et qui pourra peut-être lui offrir de nouvelles pistes. Entre-temps, le journaliste décide de contacter son ami et éditeur Paul, lui confie le manuscrit, celui-ci s'avoue très intéressé. Quand le roman est publié au début de l'été suivant, il devient un phénomène de librairie et des événements se sont déjà produits : Vaïda est retrouvé assassiné dans le campement des gitans et Oxymor découvre bientôt que les meurtres du manuscrit ont été rellement commis trente ans plus tôt, à la fin des années soixante-dix, par un serial-killer surnommé Hamlet...
Mon avis : le journaliste Baulay se lance dans une enquête à la fois policière et littéraire tout à fait passionnante. Les personnages sont attachants. L'auteur a su donner à son roman une dynamique qui garantit un vrai suspense. J'émettrai un petit bémol quant au dénouement trop prévisible à mon goût et une impression d'inachevé. Avec une centaine de pages supplémentaires, le roman aurait gagné sans doute en précision et en profondeur, en particulier sur la psychologie de l'auteur des crimes. Quoi qu'il en soit, le récit est original, plutôt réussi dans l'ensemble pour un roman policier et il ne devrait pas déplaire aux amateurs du genre.