Madame Bâ - Erik Orsenna
En matière de littérature contemporaine, Erik Orsenna n'est assurément pas un inconnu. Après des études de philosophie, d'économie et de sciences politiques, Erik Orsenna (né en 1947) entame une carrière d'enseignant puis devient, dans les années 1980, conseiller au ministère de la coopération et de la culture sous la présidence de François Mitterrand (1916-1996). Il est élu Membre de l'Académie française en 1998.
Je me penche aujourd'hui sur l'un de ses romans, Madame Bâ, publié en 2003. Cette histoire se déroule en Afrique, continent que connaît bien l'auteur.
Le Livre de Poche, 503 pages
Je me penche aujourd'hui sur l'un de ses romans, Madame Bâ, publié en 2003. Cette histoire se déroule en Afrique, continent que connaît bien l'auteur.
Le Livre de Poche, 503 pages
Madame Marguerite Bâ, institutrice, est née en 1947 à Médine, au Mali, sur les bords de l'immuable et imperturbable fleuve Sénégal. Elle a grandi entre onze frères et soeurs et des parents qui s'affrontaient sans cesse : son père Ousmane, forgeron et sous-directeur de la chute d'eau et Mariama, femme traditionaliste. Marguerite est une femme de caractère, qui n'use pas de la langue de bois. C'est une femme passionnément éprise de sa terre natale, et voilà qu'elle s'insurge de voir les jeunes partir en masse vers les pays du Nord dont la France et chercher désespérément un eldorado qui n'existe pas. Elle est d'autant plus affectée qu'elle n'a pas vu son petit-fils Michel, élevé avec plus d'amour que ses autres enfants. Celui-ci a disparu dans la nature, recruté par des entraîneurs de football français peu scrupuleux. Sans nouvelles de lui, Madame Bâ décide de partir à sa recherche ; elle sollicite un visa de la France ; hélas sa demande est refusée temporairement. Déterminée, la grand-mère malienne fait front et avec l'aide d'un avocat, Maître Fabiani, se met à écrire une lettre franche au Président de la République française, omettant de temps à autre les considérations diplomatiques d'usage...
Mon avis : Erik Orsenna brosse le portrait d'une Afrique bercée par ses espérances, habitée par ses rêves brisés. C'est une Afrique chambardée mais tellement généreuse et inventive. Le lecteur le ressent.
Le procédé utilisé par l'auteur est original : la narratrice (Madame Bâ) retrace son histoire, en reprenant et en développant point par point les questions du formulaire administratif, le fameux 13--0021. Ce fac-similé austère est ainsi l'occasion pour elle de retracer son histoire familiale et avec elle l'histoire du Mali ; elle revient sur son passé, ses origines, sa jeunesse ; s'interroge sur sa vie, son identité ; elle nous relate des anecdotes qui ont émaillé sa jeunesse et nous livre aussi ses réflexions, tantôt avec gravité, tantôt avec humour.
Madame Bâ expose son discours sans fausse pudeur et fustige le sport de l'Afrique, le football, "cette activité épuisante et sans espoir" qui a ravi son petit-fils et de confirmer son opinion : "le football est un divertissement de manchots fainéants. (...) Une majorité de paresseux, les mains sur les hanches, contemplent l'activité frénétique de quelques camarades."
J'ai été enthousiasmé par ce roman, le récit tient en haleine malgré quelques longueurs. C'est un très beau livre, plein de sagesse, que je vous recommande.
Mon avis : Erik Orsenna brosse le portrait d'une Afrique bercée par ses espérances, habitée par ses rêves brisés. C'est une Afrique chambardée mais tellement généreuse et inventive. Le lecteur le ressent.
Le procédé utilisé par l'auteur est original : la narratrice (Madame Bâ) retrace son histoire, en reprenant et en développant point par point les questions du formulaire administratif, le fameux 13--0021. Ce fac-similé austère est ainsi l'occasion pour elle de retracer son histoire familiale et avec elle l'histoire du Mali ; elle revient sur son passé, ses origines, sa jeunesse ; s'interroge sur sa vie, son identité ; elle nous relate des anecdotes qui ont émaillé sa jeunesse et nous livre aussi ses réflexions, tantôt avec gravité, tantôt avec humour.
Madame Bâ expose son discours sans fausse pudeur et fustige le sport de l'Afrique, le football, "cette activité épuisante et sans espoir" qui a ravi son petit-fils et de confirmer son opinion : "le football est un divertissement de manchots fainéants. (...) Une majorité de paresseux, les mains sur les hanches, contemplent l'activité frénétique de quelques camarades."
J'ai été enthousiasmé par ce roman, le récit tient en haleine malgré quelques longueurs. C'est un très beau livre, plein de sagesse, que je vous recommande.
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