Les hommes qui n'aimaient pas les femmes - Stieg Larsson
Pour nos amis blogueurs et lecteurs, passionnés ou non de littérature policière, qui ignoreraient encore Millénium, celle-ci est composée des Hommes qui n'aimaient pas les femmes (tome 1), La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette (tome 2) et La reine dans le palais des courants d'air (tome 3).
J'ai choisi de vous parler du premier tome.
Lorsque je l'ai lu pour la première fois, à l'automne 2007, j'étais loin d'imaginer que je tenais entre les mains un futur succès littéraire. Pourquoi ce livre me direz-vous ? Au départ, une simple curiosité plus qu'une envie réelle ; le titre du roman m'avait beaucoup interpellé et c'est d'ailleurs pour celui-ci que je l'avais choisi, bien plus que pour la triste et peu engageante couverture. Puis, rapidement, la trilogie a défrayé la chronique et l'année 2008 a été la consécration, le phénomène littéraire et médiatique sans précédent, presque irrationnel, sans oublier sa version cinématographique en 2009.
Avant l'histoire, il me faut évoquer son auteur, le Suédois Stieg Larsson. Terrassé par une crise cardiaque en novembre 2004, après avoir remis les trois tomes de Millenium, Stieg Larsson était surtout connu pour son combat politique et idéologique, à la tête, notamment, de la revue Expo, décrite comme une revue suédoise, observatoire des manifestations ordinaires du fascisme.
Actes Sud, 575 pages
Mickael Blomkvist, la quarantaine, journaliste indépendant, co-fondateur avec Erika Berger et Christer Malm du magazine Millenium, vient d'être lourdement condamné pour diffamation après avoir publié des informations peu flatteuses sur un puissant spéculateur dénommé Wennerström. La crédibilité de Mickael ainsi que son magazine en ont pris un coup. Il décide alors de s'éloigner de la rédaction du journal et quitte même son travail. Contre toute attente, il est contacté par un riche et vieil industriel, Henrik Vanger, qui, après avoir obtenu des renseignements auprès de la société Milton Security, lui demande de relancer une enquête abandonnée depuis quarante ans, celle sur la disparition mystérieuse de sa petite nièce Harriet. En échange, le vieil homme lui fournira de quoi faire tomber Wennerström et une rémunération conséquente. Mickael Blomkvist s'installe donc dans le nord du pays, sur l'île des Vanger et commence ses investigations, davantage motivé par les promesses de l'industriel que par l'étrange disparition de la fille. Pourtant, progressivement, Mickael va se prendre au jeu... Au même moment, une certaine Lisbeth Salander, jeune femme asociale de 25 ans, portant tatouages et piercings, et surtout redoutable hacker, réalise en parallèle, pour le compte de la société Milton Security, un véritable travail de détective sur notre fameux journaliste...
Mon avis : Stieg Larsson a écrit un roman haletant, prenant même. L'intrigue avec ses nombreuses ramifications est bien construite mais le succès vient en grande partie selon moi grâce aux deux personnages principaux - Mickael Blomkvist et la charismatique et atypique Lisbeth Salander- qui portent véritablement cette oeuvre. Les personnages ont une réelle psychologie et sont vraiment incontournables.
Le style, souvent inégal plutôt démonstratif, est net et parfois cru ; on y relève de temps à autre des passages violents. Mais le suspense est au rendez-vous, le rythme est bien cadencé. Nous découvrons avec ce roman un autre visage de la Suède.
Après ces éléments positifs, j'observerai aussi des défauts : je reproche à l'auteur quelques longueurs ; les cent premières pages peuvent décourager le lecteur mais on peut comprendre aussi que l'auteur ait voulu prendre son temps pour mettre en place le décor. Ensuite, quelques lourdeurs dans le détail peuvent apparaître comme rébarbatives, enfin on y retrouve beaucoup de scènes à caractère sexuel qui n'apportent rien de plus au récit.
En résumé, si l'on peut relever des imperfections ou des lacunes tout au long du premier tome, l'ensemble reste de bonne qualité et l'on ne peut que regretter la mort prématurée de l'auteur suédois.