mardi 21 mai 2013

Le temps de la sorcière - Arni Thorarinsson

Paru en 2007, Le temps de la sorcière est le premier roman de l'Islandais Arni Thorarinsson (1950-), journaliste de profession qui s'est lancé dans l'écriture de romans policiers.

Points, 426 pages 
Journaliste au quotidien islandais le journal du soir, Einar se voit muté, par la nouvelle rédaction en chef, à Akureyri, ville importante du nord du pays, officiellement pour faire du journalisme "de proximité" et diversifier la ligne éditoriale, officieusement parce que son alcoolisme n'était plus supportable à Reykjavik. En compagnie d'un collègue bouffon et Joa, photographe  avec qui il passe de bons moments, il s'acquitte de sa tâche avec ennui en couvrant l'actualité des chiens écrasés et en proposant la question du jour à cinq passants rencontrés dans la rue. Voilà pourtant, que des faits divers se multiplient étrangement : la mort accidentelle d'une femme lors d'une excursion organisée par l'entreprise dont le mari et elle sont les propriétaires, la disparition d'un brillant lycéen passionné de théâtre jusqu'à ce qu'on le retrouve mort dans une décharge, le suicide d'une de ses amies... Faisant preuve de souplesse et d'imagination, le journaliste Einar mène sa propre enquête, quitte à endosser quelques critiques...

Mon avis : je viens de découvrir cet auteur et je dois dire que j'ai été particulièrement déçu. Un sujet qui aurait pu être traité de manière très intéressante mais finalement à peine effleuré. Dès le début, l'on regrettera une longueur, voire une lenteur dans le rythme qui amène inévitablement à la monotonie et à l'ennui. J'ai failli abandonner le roman à quelques reprises. Des dialogues peu engageants, un humour pas toujours bien maîtrisé. L'auteur se perd dans toutes sortes de descriptions et de digressions qui n'apportent rien à l'intrigue. Je ne pense pas qu'il faille remettre en cause la traduction française d'Eric Boury, celui-là même qui est le traducteur d'un autre auteur islandais - Indridason dont j'ai présenté un article il y a quelques semaines.

Vous l'aurez compris, pour ma part, une enquête policière fastidieuse et peu captivante.

jeudi 9 mai 2013

La grimace - Henrich BÖLL

Il y a quarante et un ans, en 1972, Heinrich Böll (1917-1985), recevait le prix Nobel de littérature. Issu de la petite bourgeoisie catholique de Cologne, cet écrivain qui a longtemps été considéré comme le plus important et le plus représentatif de la littérature allemande de son époque, gardera toujours un lien affectif très étroit avec ce milieu et cette région. Comme bon nombre de jeunes hommes de sa génération, Heinrich Böll a été soldat de la Wehrmacht, prisonnier de guerre en 1945. C'est après son retour de captivité qu'il se tourne vers la littérature. L'Allemagne de la guerre et des premières années de l'après-guerre va constituer le décor de ses premiers romans. Dans les années 1960 et 1970, il devient une conscience acérée, engagée et courageuse. Le Roman, la grimace, en est une parfaite illustration.

Points, 282 pages 
Fils d'un industriel rhénan, Hans Schnier, jeune homme de vingt ans, était prédestiné à suivre tout naturellement la trace de sa riche famille protestante. Mais il ne l'a pas entendu de cette oreille. Par choix et parce qu'il refuse le luxe, il devient clown pour se révolter contre son milieu qu'il tourne en dérision. Sa famille le rejette. Depuis six ans, Hans vit avec son amie Marie Derkum, une catholique. Sa vie ne va pourtant pas tarder à basculer lorsque celle-ci se brouille avec lui pour des raisons d'éducation religieuse des enfants à venir. Elle le quitte après avoir rencontré Küpfner, premier dignitaire de l'Eglise catholique allemande. Hans le clown ne parvient plus à faire rire les gens. Petit à petit, les représentants du groupe socio-culturel que fréquente sa femme, voient Hans d'un mauvais oeil, manifestent leur hostilité à son égard et commencent à l'exclure. Le départ de Marie laisse Hans désemparé. Il tente de rechercher sa femme à Bonn. Dans sa chambre d'hôtel, il se met à boire. Délaissé, il tombe dans la marginalité. C'est le début de la déchéance...

Mon avis : sans doute l'un des plus beaux romans allemands de l'après-guerre, peut-être encore trop méconnu en France, pour les non germanistes. Un roman dur et sombre, écrit avec des mots simples, des phrases courtes mais d'une limpidité remarquable.

Par le biais de son personnage marginal qui s'est volontairement mis à l'écart de la société, l'auteur porte un regard critique sur cette Allemagne de l'Ouest fière de son miracle économique, raillant la démocratie chrétienne et ce conformisme bourgeois béat, habitée par une sorte d'amnésie douceâtre à l'égard du passé nazi. Le personnage de Böll refuse cette "bonne" conscience et, empreint d'un style mordant, dénonce cette société qui se précipite avec frénésie sur les biens de consommation, prisonnière de son confort moral égoïste et hypocrite, où les médias, vendeurs d'opinions au rabais, jouent les somnifères de masses. Ecrit il y a tout juste cinquante ans, ce roman garde toute son actualité. 

Heinrich Böll est un grand écrivain à re-découvrir.

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