vendredi 26 février 2010

La Lune de papier - Andrea Camilleri

En cette période de vacances scolaires, j'entame le défi de la Littérature policière sur les 5 continents, que je vous avais présenté ici-même, dans mon précédent billet et, que vous pouvez aller (re)découvrir sur le blog qui lui est consacré. J'ai choisi de commencer avec l'Europe du Sud.

J'avais envie, depuis quelques temps, de découvrir Andrea Camilleri et son héros Salvo Montalbano. C'est donc la première fois que je fais la connaissance de cet auteur italien et, je dois vous avouer que, c'est avec une joie non dissimulée que je me suis plongé dans cette lecture. L'auteur méritait bien une place de choix dans mon blog.

Andrea Camilleri est venu tardivement à l'écriture de romans policiers. Né en 1925 à Porto Empedocle, dans la province d'Agrigente en Sicile, Camilleri se destine d'abord au théâtre, mettant en scène les oeuvres d'auteurs non moins connus tels que Samuel Beckett ou Eugène Ionesco. Pendant un temps, il enseigne également l'art de la mise en scène à l'Académie d'Arts Dramatiques et auprès de l'Institut Expérimental de cinéma à Rome. Petit à petit, à côté de ses activités de metteur en scène, Camilleri se met à l'écriture, produisant des essais romancés, né de ses études sur l'histoire de la Sicile.

Il connaîtra surtout un immense et durable succès outre-alpes, grâce à la série d'enquêtes mettant en scène le personnage du commissaire Salvo Montalbano, sorte de "Maigret", à la verve italienne, dont les histoires se situent dans l'imaginaire petite bourgade de Vigàta, en Sicile.

Pocket, 245 pages
Dans La Lune de Papier, le commissaire Montalbano est en charge d'une enquête qui le conduit cette fois dans les méandres de la passion amoureuse. Angelo Pardo, visiteur médical de 42 ans, ancien médecin radié de la profession, est retrouvé mort, une balle dans la tête, sur la terrasse de son appartement, dans une posture pour le moins compromettante. Après la découverte du catafero, le commissaire Montalbano fouille chez Pardo et trouve notamment la clef d'un petit coffre qui a disparu et surtout, un étrange livret usagé et codé contenant des chansonnettes. Montalbano se tourne alors vers les deux femmes liées à la victime et diamétralement opposées : Michela, la soeur d'Angelo, femme éthérée et possessive, qui avait signalé la disparition prolongée de son frère, entretenant avec celui-ci une relation ambiguë ; de l'autre la dernière maîtresse de la victime, l'ardente et sensuelle Elena. Pour résoudre cette affaire, le commissaire ne devra négliger aucun détail, apparemment sans importance. Il devra jouer finement car il s'aperçoit bientôt que ces femmes envoûtantes se révèlent manipulatrices et s'évertuent à brouiller consciencieusement les pistes...

Mon avis : Camilleri nous présente un polar savoureux, bâti sur un humour omniprésent, direct ou plus subtil, porté par des personnages drôles et tout aussi truculents, le tout baigné dans cette magnifique ambiance sicilienne.

Le commissaire Montalbano, quinquagénaire, fiancée à une gênoise prénommée Livia, aime par-dessus tout profiter de la vie. Fin gourmet, il affectionne les spécialités savoureuses de la cuisine sicilienne. Malgré son humeur bougonne et cette fougue méditerranéenne, il apparaît au fil de l'histoire comme un personnage sensible, bienveillant, profondément humain, parfois en proie à ses propres doutes et ses faiblesses ; dans cette histoire, Montalbano se sent vieillir, il nous fait part de ses pertes de mémoire passagères et s'interroge avec hantise sur la mort.

Le lecteur suit également, avec toujours autant de plaisir, les autres personnages récurrents qui gravitent autour de Montalbano : le procureur Tommaseo, l'obsédé sexuel ou l'agent Catarella qui fait preuve d'incompétence, même s'il lui arrive, de temps à autre, des idées lumineuses...

Mais sous des airs de "drôlerie", par le truchement de son idéaliste commissaire, Camilleri dénonce avec justesse la corruption, les liens entre les hommes politiques et la pègre qui rongent l'île.

L'intrigue est bien construite et minutieuse ; elle possède un rythme haletant qui s'achève dans un final à vous couper le souffle.

Il faut enfin souligner le remarquable travail du traducteur attitré, Serge Quadruppani, qui a su exprimer merveilleusement cette langue, ce mélange détonant d'italien et d'argot sicilien, propre à Camilleri, qui se plaît à en jouer ; une sorte de re-création personnelle de la langue, à la fois par le vocabulaire et la syntaxe, qui peut surprendre le lecteur dès les premières pages du livre mais qui, en fin de compte procure un charme irrésistible aux dialogues.

Avec La Lune de papier, Andrea Camilleri signe un polar digne des plus grands écrivains du genre. Un pur bonheur de lecture, à consommer sans modération !

dimanche 21 février 2010

Défi littéraire 2010 - Littérature policière sur les 5 continents

Au gré de mes consultations sur la blogosphère littéraire, j'ai constaté de nombreux défis. Aussi exaltants soient-ils, j'ai décidé cette année d'en relever un et je tenais à vous en faire part. Il s'agit du défi intitulé "Littérature policière sur les 5 continents" proposé par Catherine, du blog "La Culture se partage".

Brillante initiative aussi instructive qu'originale de la part de cette lectrice et je l'en remercie.

De quoi s'agit-il précisément ? Le défi consiste à lire, au cours de l'année, un roman de littérature policière d'un auteur de chaque continent et, à venir le présenter sur le blog créé à cet effet.

Ce défi littéraire est intéressant à double titre pour moi. En effet, n'étant pas un grand amateur de polars, ce défi est l'occasion de combler des lacunes et d'explorer encore davantage ce genre littéraire. D'autre part, il convient parfaitement à l'esprit de mon blog puisque, comme vous le savez, nos hirondelles nourrissent de grands espoirs, en vous faisant partager, à travers le monde, de nouveaux horizons de lectures.

Pour l'heure, je n'ai pas encore sélectionné ma liste. Elle s'établira en fonction de mes goûts, mon humeur. Vous la découvrirez au fur et à mesure lorsque je présenterai ces livres dans le cadre de ce défi.

Si ce défi vous tente, si vous souhaitez tout simplement connaître les modalités précises, je vous invite à vous rendre sur le blog de Catherine, en cliquant sur ce lien ou sur le logo.


samedi 6 février 2010

Le Pigeon - Patrick Süskind

Le livre du week-end est consacré à une nouvelle de Patrick Süskind, intitulée : Le Pigeon.

Ce récit a été publié en 1987, sous le titre original Die Taube.

Le Livre de poche, 89 pages
Cela fait trente ans que Jonathan Noël, agent de sécurité dans une banque parisienne, loge dans un minuscule logement sous les combles, où il s'est construit tout au long des saisons une existence de solitaire : ses parents ont autrefois été déportés, sa femme l'a abandonné et, il va bientôt prendre sa retraite. Cette morne existence d'où il a exclu tout imprévu est soudainement bouleversé par un événement absolument dérisoire et grotesque : un pigeon cherche à entrer dans sa chambre de bonne. Apeuré, angoissé, Jonathan s'enfuit, songe même un instant à se suicider, mais finalement, au cours d'un orage, il est, par une sorte de miracle, délivré de ses appréhensions et pour la première fois, le cours des événements lui échappe...

Mon avis : c'est un petit livre qui marque les esprits. Pour tous ceux qui n'ont pas encore eu l'occasion ou la chance de lire cet auteur allemand, c'est le moment de franchir le pas et de découvrir son univers. Patrick Süskind développe à merveille la solitude ; cette solitude dans laquelle ses personnages sont enfermés ou s'enferment volontairement.

Le livre se lit facilement, les exercices de style sont fort bien maîtrisés. A partir de faits totalement anodins, l'auteur parvient à faire monter l'angoisse de son personnage. Le lecteur est entraîné par les pensées délirantes, voire paranoïaques de Jonathan Noël et est forcément happé par cette atmosphère jusqu'à la fin.

Un passage du livre m'a beaucoup marqué : la confrontation presque brutale avec le mendiant fait réfléchir et demeure très prenante. Le lecteur ne ressort pas indemne des angoisses excessives de Jonathan, il en éprouve même un certain malaise, car les tortures psychologiques de notre héros "maniaque" le touchent.

Aucun point négatif à propos de cette histoire courte, me direz-vous ? J'y arrive. Je pense que Süskind aurait pu développer encore la description cyclothymique et se plonger davantage dans les blessures d'enfance de Jonathan. Mais ces petites faiblesses ne suffisent pas à ternir la nouvelle, ni même mon enthousiasme.

Un livre intéressant, je vous le recommande. Vous ne réagirez plus tout à fait de la même manière, après en avoir terminé la lecture...


Articles au hasard

Blogger

Visiteurs depuis le 21/08/2009


Lectures

  © Blogger templates 'Neuronic' by Ourblogtemplates.com 2008

Back to TOP