samedi 17 avril 2010

La Maison assassinée - Pierre Magnan

Les cinéphiles se souviennent sans doute du film La Maison assassinée réalisée par Georges Lautner, en 1988, avec entre autres pour interprète le jeune Patrick Bruel. Rares sont ceux en revanche qui se rappellent que ce long métrage n'est en fait l'adaptation du plus célèbre des romans écrits par un grand auteur français : Pierre Magnan.

Ecrivain discret, Pierre Magnan est né en 1922 à Manosque (Alpes-de-haute-Provence) ; il puise l'inspiration de son oeuvre au travers de sa belle Provence. C'est assez tardivement qu'il s'adonne véritablement à l'écriture. En 1976, il publie son premier roman policier avec le Sang des Atrides et nous présente son personnage récurrent : le commissaire Laviolette.

En 1984, il écrit son fameux roman la Maison assassinée, qui s'est vu attribuer à sa sortie le Prix RTL Grand Public, récompense méritée pour un écrivain hors pair. A cette occasion, j'ai relu ce magnifique livre et vous le présente brièvement.

Denoël, 304 pages

A la fin du XIXe siècle, dans un village des Alpes de Haute-Provence, par une nuit d'orage, toute la famille Monge est sauvagement massacrée à l'arme blanche. Seul un nourrisson, âgé seulement de trois semaines est épargné miraculeusement. Il disparaît et est élevé loin du village. Vingt-cinq années passent, le bébé a grandi, il se nomme Séraphin et c'est un jeune homme au passé bien mystérieux. Cette force de la nature qui a connu les souffrances de la guerre, l'enfer des tranchées, lui le rescapé de la Grande Guerre, revient dans son village natal. Séraphin sait qu'il n'a pas de parents. Il apprend d'un vieil habitant du village que sa famille a été massacrée et que trois malheureux journaliers, étrangers ont été accusés du meurtre, jugés et guillotinés. Dès lors tout bascule pour ce robuste survivant. Hanté par ce souvenir, par l'image de sa mère morte égorgée, Séraphin ne cesse alors de remuer le passé. Il entreprend d'abord de détruire la maison du cauchemar dans laquelle il est né avant de mener l'enquête dans le village à la recherche des vrais assassins...

Mon avis : Pierre Magnan écrit là un remarquable roman noir et froid dont l'intrigue policière confine à la tragédie. Mais la force du livre n'est pas tant cette intrigue, passionnante au demeurant, mais plutôt l'ambiance glauque qui s'en dégage, quelque chose de terriblement prenant et réaliste, très souvent dérangeant et cruel dans cette vie rurale, dans ce village au quotidien accablant au sortir de la Première Guerre mondiale.

Les décors sont décrits avec talent, le cadre de vie est rude, les personnages sont forts, criants de vérité, tels Didon Sépulcre, propriétaire d'un moulin à l'huile ou Célestat Dormeur le boulanger ; les femmes ne manquent pas non plus d'éclat, le tout baigné dans un style précis, jamais fastidieux.

En somme, Pierre Magnan sait manier avec brio tous les ingrédients qui lui permettent de tenir le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page du roman. Et cette tension permanente est telle que le lecteur frémit.

Il s'agit assurément d'un récit dense, d'une intensité prodigieuse, à déconseiller aux âmes sensibles...


5 réactions:

Pauline 18 avril 2010 à 23:02  

J'ai lu ce livre il y a très longtemps. Je n'y pensais plus. Cela m'est revenu il y a quelques jours. Va savoir pourquoi. J'avais beaucoup beaucoup aimé!

Joelle 19 avril 2010 à 09:52  

Je n'ai pas vu le film mais le livre me tente plus !

Tigger Lilly 19 avril 2010 à 14:48  

J'ai lu ce livre il y a quelques années. Je m'en souviens assez peu (la destruction de la maison m'a marqué cela dit). Je devrais le relire.

Anonyme 28 août 2011 à 22:52  

j'ai lu ce livre il y a quelques mois mais je n'ai pas compris la fin.
Qui est l'homme qui apparait dans la derniere scene ?

Anonyme 17 juin 2012 à 21:26  

Je suppose que c'est le narrateur du livre... tout simplement ! étant donné qu'il interroge quelqu'un d'âgé (je ne révèle pas l'intrigue...) qui perd un peu la boule par ailleurs (le berceau est chez elle ou chez l'antiquaire???)... Magnifique roman dans tous les cas, avec des évocations de ma terre natale (Alpes de Haute Provence).

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